Tourisme : pourquoi les 100 millions de visiteurs ne profitent pas à la France

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La France annonce fièrement avoir accueilli 100 millions de touristes étrangers en 2024. Un record sur le papier, mais qui cache une réalité plus nuancée. Car si le nombre impressionne, les recettes générées, elles, sont loin d’être au rendez-vous. Un paradoxe qui pousse les professionnels du secteur à revoir leurs priorités économiques et stratégiques.

Un record de fréquentation… mais pas de recettes

100 millions de visiteurs étrangers, c’est bien plus que n’importe quel autre pays européen. À première vue, la France reste la première destination touristique mondiale, ce qui flatte l’ego national. Sauf que derrière ce chiffre, la réalité économique est moins brillante.

Avec 71 milliards d’euros de recettes attribuées au tourisme en 2024, la France est nettement distancée par l’Espagne, qui engrange 126 milliards d’euros avec pourtant moins de visiteurs. Ce décalage interroge sur la rentabilité du « modèle France » en matière de tourisme international.

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Dominique Marcel, président de l’Alliance France Tourisme, ne mâche pas ses mots : « Ce qui est important, c’est la dépense touristique. » Le nombre de visiteurs devient un indicateur trompeur s’il ne s’accompagne pas d’une stratégie rentable et durable. En somme, l’objectif ne doit plus être seulement de faire venir du monde, mais de mieux accueillir et faire rester les visiteurs.

Changer de cap : du volume à la valeur

Face à ce constat, l’Alliance France Tourisme organise un colloque d’envergure avec Régions de France, sur le thème provocateur : « 100 millions de touristes en France : réalité ou totem politique ? ». L’idée est claire : sortir du réflexe triomphaliste et ouvrir un vrai débat stratégique sur le modèle à adopter pour l’avenir.

Le mot d’ordre est désormais d’attirer des profils de visiteurs qui :

  • restent plus longtemps sur place
  • découvrent des territoires variés au-delà des grandes capitales
  • consomment localement, dans l’hébergement, la restauration, la culture ou les mobilités douces
  • reviennent plus facilement, car attachés à la qualité de leur expérience

C’est un vrai défi pour les politiques publiques et les acteurs privés : créer un tourisme plus équilibré, moins concentré sur Paris ou la Côte d’Azur, et moins dépendant du tourisme de masse peu dépensier.

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Un virage stratégique à prendre dès maintenant

Pour Dominique Marcel, pas question d’attendre encore dix ans pour rectifier le tir. Il alerte : « Les autres progressent très vite et on perd des points. Il vaut mieux se poser des questions sérieuses maintenant parce qu’il faut dix ans pour investir. »

Les investissements touristiques sont des décisions lourdes et à long terme, qu’il s’agisse de moderniser les infrastructures, de former les professionnels du secteur, d’orienter la promotion touristique ou de développer de nouvelles expériences immersives dans les territoires.

Le message est donc ferme : il ne suffit pas d’être « la France » pour rester compétitive. Dans un monde où l’offre touristique internationale se diversifie à grande vitesse, il est urgent de passer de l’autosatisfaction à l’action stratégique ciblée. Quitte à remettre en question certains mythes bien ancrés.

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