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Des étudiants américains conçoivent des robots capables de ramper et de construire sur la Lune. Leur outil principal : un double numérique en réalité virtuelle. Grâce à lui, ils apprennent à piloter un mini-rover dans des conditions lunaires sans quitter leur campus. Une approche innovante pour préparer les futures missions spatiales.
Des robots pour travailler en équipe avec les astronautes
Dans une salle sans fenêtre sur le campus de l’Université du Colorado à Boulder, un petit robot à trois roues du nom d’Armstrong manipule des blocs en plastique avec une pince articulée. Ce robot, de la taille d’une pizza, n’est pas conçu pour rouler sur le campus, mais bien pour s’entraîner à opérer sur la surface lunaire dans un futur proche.
L’idée derrière ce projet est simple, mais ambitieuse : créer une armée de robots capables d’assister les humains sur la Lune. Ces machines pourraient un jour assembler des observatoires scientifiques ou construire des habitats lunaires aux côtés des astronautes du programme Artemis de la NASA.
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Une formation en immersion grâce à la réalité virtuelle
Pour apprendre à contrôler Armstrong dans un environnement aussi complexe que la surface lunaire, les étudiants utilisent des lunettes de réalité virtuelle couplées à une caméra embarquée. Xavier O’Keefe, diplômé en ingénierie aérospatiale, fait partie de l’équipe qui pilote ces simulations.
Les chercheurs ont mis en place une version virtuelle ultra-détaillée de leur bureau, créée avec le moteur de jeu Unity. Cette “jumeau numérique” reproduit fidèlement l’espace physique et permet aux utilisateurs de s’entraîner dans un décor similaire à celui de la Lune, avec ses ombres profondes, son relief accidenté et son ambiance peu accueillante.
Cette méthode présente plusieurs avantages : elle est peu coûteuse, flexible et très réaliste. Lors d’une étude menée sur une vingtaine de participants, ceux qui s’étaient entraînés avec la simulation accomplissaient les tâches 28 % plus rapidement et avec moins de stress que les autres.
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Construire une base scientifique géante sur la Lune
Ce projet s’intègre dans un programme de recherche plus vaste piloté par Jack Burns, professeur émérite d’astrophysique. Son ambition : installer à la surface de la Lune FarView, un gigantesque observatoire composé de 100 000 antennes réparties sur une zone de 200 kilomètres carrés.
Ce type de construction serait impossible à réaliser uniquement par des astronautes. D’où l’intérêt des robots, capables de travailler en continu et de surmonter les conditions difficiles de la Lune, comme la faible gravité et les écarts extrêmes de température.
Les simulations sont aussi utiles pour anticiper des comportements inattendus. Lors des premières sessions, plusieurs participants faisaient tomber les blocs avec le robot, un détail apparemment anodin mais riche en enseignements pour les chercheurs. Cela montre combien l’interaction entre humains et technologies peut réserver des surprises.
Un nouveau défi : modéliser la poussière lunaire
L’équipe scientifique passe maintenant à une version encore plus pointue de son simulateur. Avec l’aide de Lunar Outpost, une entreprise spécialisée dans les véhicules d’exploration spatiale, un jumeau numérique d’un rover lunaire est en cours de création.
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Ils cherchent à modéliser l’un des aspects les plus complexes du sol lunaire : sa poussière. Cette fine poudre grise colle aux équipements, interfère avec les capteurs et représente un vrai casse-tête pour les missions spatiales. Reproduire son comportement en simulation est un défi aussi technique que fascinant.
Cette nouvelle phase promet de plonger les opérateurs encore plus profondément dans une expérience quasi lunaire, leur apprenant à réagir aux imprévus que la surface de la Lune ne manquera pas d’offrir.
Si tout cela se passe toujours sur Terre, pour Xavier O’Keefe, l’aventure est bien réelle. « C’est génial de faire partie de tout ça, même si ce n’est qu’une petite étape pour envoyer des gens sur la Lune », confie-t-il avec enthousiasme.
Ce travail collaboratif entre étudiants, scientifiques et entreprises prouve que l’exploration spatiale n’est plus réservée aux grandes agences. Elle s’invente aussi dans des bureaux modestes, avec de jeunes esprits brillants et une bonne dose d’imagination. Et ça, franchement, ça vaut le détour.
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