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La natation, très souvent perçue comme l’épreuve la plus anodine d’un triathlon, se révèle en réalité être un véritable piège pour de nombreux débutants. En eau libre, loin du confort de la piscine, le stress prend vite le dessus, même chez les sportifs les plus motivés. Témoignages et conseils pour éviter que l’expérience ne tourne au cauchemar.
Une épreuve redoutée malgré les apparences
Aurélien, 43 ans, pensait être prêt. Deux à trois heures d’entraînement hebdomadaire en piscine lui semblaient suffisantes avant de prendre le départ de son premier triathlon aux Sables-d’Olonne. Mais dès les premiers mètres, c’est l’enfer. Entouré de douzaines d’autres nageurs, incapable de trouver son rythme, il panique.
« Je ne respirais plus, j’avais l’impression que je ne savais plus nager » raconte-t-il. Pris de panique, il coûte que coûte tente d’avancer, change de nage, hésite à abandonner. Finalement, il termine l’épreuve, mais en ressort épuisé, autant physiquement que mentalement.
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Et Aurélien est loin d’être un cas isolé. Lors des premiers triathlons, la natation est souvent source de gros stress pour les participants inexpérimentés. Avec plus de 70 000 licenciés en France et une croissance de 6 % par an depuis dix ans, les débutants sont toujours plus nombreux à se frotter à cette épreuve piège.
Un environnement particulier et anxiogène
Coline, 29 ans, triathlète aguerrie, sait combien le départ est une phase cruciale. Entre coups involontaires et nageurs qui se croisent, l’agitation peut vite tourner à la panique. Pour éviter cela, elle conseille vivement de s’entraîner en conditions réelles, c’est-à-dire en eau libre et avec la combinaison. Ce type d’équipement, aussi utile soit-il pour la flottabilité, peut provoquer une sensation d’enfermement qui accentue encore l’angoisse.
Stéphane Lecat, directeur technique national de la Fédération française de triathlon, le confirme : « L’eau est un environnement inhabituel, souvent anxiogène pour les non-initiés ». Il insiste sur l’importance de savoir nager au moins quinze minutes sans s’épuiser. Il déconseille aussi de se focaliser sur le chronomètre, souvent source de pression inutile, surtout pour une première expérience.
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La sécurité, un filet indispensable
Face à ces risques bien réels, les organisateurs prennent de nombreuses précautions. Bruno Wojciechowski, responsable sécurité sur des événements comme l’Ironman des Sables-d’Olonne, détaille l’arsenal mis en place pour protéger les participants. Jet-skis, bateaux, paddles, tout est là pour intervenir dans les dix secondes en cas d’alerte.
Mais encore faut-il oser lever le bras quand ça ne va plus. « Il n’y a aucune honte à demander de l’aide. Mieux vaut abandonner que risquer un drame », rappelle-t-il. Beaucoup veulent tenir coûte que coûte, au risque de se retrouver en détresse réelle.
Certains mouvements mal adaptés peuvent aussi accélérer l’épuisement. C’est le cas de la brasse en combinaison, très utilisée par les débutants lors d’un moment de panique. Sauf que cette nage, déjà peu efficace en mer, devient franchement éprouvante quand on porte une combinaison qui comprime les mouvements, surtout pour les cyclistes ou coureurs peu musclés du haut du corps.
Les mauvais souvenirs et les accidents existent malheureusement. Comme en 2014 à La Baule, où une participante en manque de préparation et victime de surchauffe a fait un arrêt cardiaque peu après le départ.
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Comment bien se préparer pour éviter la panique ?
Il vaut clairement mieux anticiper plutôt que subir. Voici quelques conseils simples mais utiles :
- S’entraîner régulièrement en eau libre, pas seulement en piscine.
- Porter sa combinaison pendant l’entraînement pour s’y habituer.
- Apprendre à respirer calmement sous stress.
- Prévoir un plan de nage flexible, sans viser le chrono.
- Se placer en retrait du peloton au départ si on redoute les contacts.
La natation en triathlon n’est pas à prendre à la légère. Même si l’on court ou pédale bien, cette première étape peut tout remettre en question si elle est mal préparée. Une approche progressive, concrète et réaliste permet de prendre confiance et d’en faire, non plus un piège, mais un vrai moment de plaisir.