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Le monastère de Sainte-Catherine, joyau byzantin perché au pied du mont Sinaï, est aujourd’hui au cœur d’un différend entre l’Égypte et la Grèce. Une décision judiciaire égyptienne menace son statut historique et religieux, tandis qu’un ambitieux projet touristique fait craindre une transformation irréversible du site.
Un monastère millénaire menacé
Fondé au VIe siècle par l’empereur byzantin Justinien, le monastère orthodoxe de Sainte-Catherine est l’un des plus anciens au monde encore en activité. Situé dans le désert du Sinaï, ce lieu sacré est classé au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2002 pour sa richesse culturelle et religieuse exceptionnelle, ainsi que pour son architecture préservée.
Mais ce symbole spirituel, essentiel à l’Église orthodoxe grecque, se retrouve fragilisé. Une récente décision de justice égyptienne a statué que les terres occupées par le monastère faisaient désormais partie du domaine public. Une décision qui a fait bondir plusieurs instances religieuses et diplomatiques, et réveillé les craintes d’une perte d’autonomie du monastère sur ses propres terres.
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La réaction grecque ne s’est pas fait attendre. Une délégation officielle devrait prochainement se rendre au Caire, munie d’un document de l’Unesco confirmant la propriété de l’Église grecque sur ce lieu emblématique. L’objectif : faire valoir l’histoire religieuse du site et préserver son identité.
Un projet touristique qui inquiète
En parallèle de ce conflit diplomatique et spirituel, un projet d’envergure baptisé « Grande Transfiguration » vient ajouter une nouvelle couche de tension. L’initiative, lancée par les autorités égyptiennes, vise à transformer la région en une destination de pèlerinage et de tourisme de masse.
Le programme prévoit la construction d’hôtels modernes, de chalets et d’infrastructures capables d’accueillir jusqu’à un million de visiteurs chaque année. L’idée est de favoriser l’économie locale en misant sur le potentiel touristique du site.
Mais ce plan de développement soulève de nombreuses inquiétudes, notamment du côté de l’Unesco, qui a déjà demandé à l’Égypte d’interrompre les travaux. Jusqu’ici, ses appels sont restés sans effet. Une telle transformation pourrait faire perdre à Sainte-Catherine son caractère sacré, apaisé et authentique, qui en fait justement tout l’attrait spirituel.
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Un équilibre difficile entre tourisme et préservation
Comme souvent avec les sites religieux emblématiques, l’enjeu est de trouver le bon équilibre entre accessibilité touristique et respect du patrimoine. Car même si Sainte-Catherine attire déjà des milliers de visiteurs chaque année, son charme réside dans sa simplicité, son isolement et l’intensité du lieu.
Voici les principales craintes exprimées par les défenseurs du site :
- Risque de dénaturation du paysage culturel du Sinaï
- Fragilisation de la dimension spirituelle du monastère
- Pression sur les ressources locales (eau, énergie)
- Perte de contrôle du site par l’Église grecque
Pour beaucoup, cette situation pose une question plus large : comment protéger les lieux de foi au cœur du tourisme moderne, sans les transformer en simples attractions ? Un casse-tête que Sainte-Catherine illustre aujourd’hui de manière particulièrement sensible.