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Une nouvelle étape vient d’être franchie pour le secteur aérien européen : à Francfort, la start-up allemande Ineratec a inauguré la plus grande usine de e-kérosène du continent. Ce carburant dit synthétique, fabriqué à partir de CO2 et d’hydrogène, représenterait une avancée importante vers une aviation plus durable.
Une usine pionnière en Europe pour le kérosène synthétique
C’est à Francfort, en Allemagne, que cette usine a été officiellement mise en service. Elle se distingue par sa capacité à produire 2 500 tonnes par an de carburant neutre en CO2. Le e-kérosène, aussi appelé carburant de synthèse, est conçu à partir d’un processus chimique utilisant du dioxyde de carbone capté et de l’hydrogène issu d’énergies renouvelables.
Le PDG d’Ineratec, Tim Böltken, a présenté cette inauguration comme « le début de l’ère des molécules vertes ». L’objectif est clair : décarboner le transport aérien, l’un des secteurs les plus complexes à rendre neutre en émissions. Avec cette usine, Ineratec espère montrer qu’une autre voie est possible pour alimenter les avions sans recourir aux énergies fossiles.
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Des quantités encore très limitées face aux besoins
Même si cette usine représente une vraie prouesse technologique, elle reste pour l’instant très modeste par rapport à la demande. À elle seule, elle ne produira qu’environ 1 % des 200 000 tonnes de kérosène vert que l’Allemagne envisage de consommer chaque année d’ici 2030. Cela montre à quel point le chemin est encore long pour une adoption massive du e-fuel dans l’aviation.
Aujourd’hui, les compagnies aériennes utilisent surtout du carburant issu de sources biogéniques, en général incorporé en petite quantité. Il s’agit par exemple d’huiles de friture recyclées ou de biomasse. Ces biocarburants ne couvrent qu’une partie des besoins et peinent à se généraliser à grande échelle.
Le frein principal reste le prix du e-kérosène, bien plus élevé que celui des carburants fossiles ou même des biocarburants. Sans cadre politique fort ou incitations concrètes, difficile pour les acteurs du secteur d’investir massivement dans cette solution encore coûteuse.
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Des projets d’expansion déjà en cours
Bonne nouvelle, Ineratec ne compte pas s’arrêter là. La start-up prévoit déjà d’élargir son usine actuelle et d’en ouvrir d’autres, notamment en s’appuyant sur les régions où l’hydrogène vert est facilement disponible. Francfort s’impose ainsi un peu plus comme un centre stratégique de la transition énergétique dans l’aviation.
De plus, l’Union Européenne prépare une réglementation qui devrait booster la production et l’usage de ces carburants synthétiques. Dès 2030, une part minimale obligatoire de 1,2 % de e-fuel devra être incluse dans les carburants utilisés dans l’aviation commerciale, ce qui devrait accélérer la demande et pousser les industriels à suivre.
Pourquoi cette innovation change la donne
Ce type de production ouvre une piste sérieuse pour réduire les émissions du secteur aérien, un sujet très sensible dans le débat climatique actuel. Contrairement aux autres modes de transport, il est très compliqué de faire voler des avions avec des batteries électriques à grande échelle. Les carburants de synthèse ont donc un rôle central à jouer.
Voici pourquoi le e-kérosène mérite qu’on s’y intéresse de près :
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- Il permet de réutiliser du CO2 déjà présent dans l’atmosphère, bouclant ainsi partiellement le cycle du carbone
- Il peut être utilisé dans les moteurs existants avec peu de modifications, ce qui évite de renouveler entièrement les flottes
- Il s’intègre aux infrastructures actuelles de ravitaillement, notamment dans les aéroports
- Il offre une alternative crédible aux biocarburants, dont les ressources sont limitées
Alors certes, tout cela en est encore au stade de lancement, mais les bases sont posées. L’usine d’Ineratec ouvre une porte vers une aviation (un peu) plus verte, et ça, c’est déjà un bon début.