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Après des années d’exploitation et un dernier sursaut d’espoir l’hiver dernier, la station de ski de l’Alpe du Grand Serre en Isère va définitivement fermer ses portes. La décision, motivée par des difficultés financières persistantes et une incapacité à construire un modèle viable sur l’année, sera officialisée le 10 juillet par la collectivité locale.
Une station symbole d’un territoire
Nichée à 1 370 mètres d’altitude au cœur du massif de l’Oisans, l’Alpe du Grand Serre offrait 50 kilomètres de pistes et trois télésièges. Une station modeste, mais appréciée des familles et des skieurs locaux en quête d’authenticité. Depuis plusieurs saisons, elle faisait face à des hivers irréguliers, au réchauffement climatique, mais surtout à une situation financière fragile.
L’hiver dernier avait pourtant redonné un peu d’espoir. Grâce à une levée de fonds citoyenne de 400 000 euros et une fréquentation exceptionnelle pendant les vacances de Noël, la station avait réussi à ouvrir, à la surprise générale. Mais cela n’aura été qu’un répit. Malgré cet élan de solidarité, la montagne n’a pas trouvé son second souffle.
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Un modèle économique introuvable
Pour continuer d’exister, la station avait besoin d’un nouveau projet. L’objectif annoncé : développer une offre touristique sur toute l’année, et ne plus dépendre uniquement de la neige. Un plan ambitieux, avec un financement étalé sur 25 ans. Dans les faits, ni la Communauté de Communes de la Matheysine ni le gestionnaire SATA Group n’ont réussi à réunir les ressources nécessaires.
Dans un communiqué commun, les deux parties expliquent n’avoir toujours pas réussi à clôturer le plan de financement requis pour transformer la station. Le projet de délégation de service public, lancé dans cette optique, sera officiellement abandonné lors du prochain conseil communautaire prévu le 10 juillet.
Du côté de la collectivité, la présidente Coraline Saurat parle d’un moment douloureux : « C’est une page de la vie de notre territoire qui se tourne », indique-t-elle avec beaucoup d’émotion. SATA de son côté s’est engagé à reclasser les salariés de la station dans ses autres structures.
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Des conséquences lourdes pour les habitants
La fermeture ne concerne pas seulement les amateurs de glisse. Pour les habitants du plateau matheysin, la station représentait un levier d’activité économique important, un outil d’attractivité, et un repère local. Avec ce départ, c’est aussi une partie de l’identité du territoire qui s’efface.
Certains commerces, hébergements ou saisonniers vont devoir s’adapter en urgence. La CCM devra également repenser son développement touristique pour éviter un isolement accentué.
Les leçons d’une fermeture
Ce cas n’est pas isolé. Il illustre avec force les défis auxquels font face de nombreuses petites stations de moyenne montagne. Climat instable, fréquentation irrégulière, difficulté à diversifier l’activité sur les quatre saisons : les demi-mesures ne suffisent plus aujourd’hui pour survivre.
Cette fermeture pose aussi une question plus large sur la manière de faire évoluer les territoires de montagne :
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- Comment développer un vrai tourisme quatre saisons sans lourds investissements irrattrapables ?
- Faut-il concentrer les moyens sur quelques grandes stations ?
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Autant de questions encore sans réponse. En attendant, l’Alpe du Grand Serre, fidèle compagnon de ski des Isérois, ferme ses portes. Définitivement.