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Malgré un nombre record de touristes étrangers, la France peine toujours à transformer cet engouement en recettes. Avec 71 milliards d’euros de revenus en 2024, elle reste loin derrière l’Espagne. Pour le gouvernement, il est temps de revoir la stratégie et de miser sur un tourisme plus rentable et mieux réparti.
Un été encourageant, mais des recettes qui stagnent
Entre juin et septembre 2024, la fréquentation touristique a connu une belle progression. D’après les données d’Atout France et du ministère du Tourisme, les arrivées par avion ont augmenté de 4,7 % par rapport à l’année précédente. Une dynamique portée principalement par les visiteurs étrangers, de retour en nombre après la période d’incertitude liée à la pandémie.
Si la France conserve son titre de première destination touristique au monde en termes de visiteurs, elle reste en retrait sur un point clé : le montant des dépenses des voyageurs.
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En 2024, les recettes issues du tourisme international atteignent bien les 71 milliards d’euros, un record national, mais qui est encore très loin de son voisin espagnol, qui culmine à 126 milliards d’euros. Autrement dit, les touristes viennent en France, mais dépensent bien moins que dans d’autres destinations européennes.
Un enjeu de valorisation et de qualité de l’expérience
Face à ce constat, la nouvelle ministre du Tourisme, Nathalie Delattre, souhaite changer de cap. Selon elle, le défi n’est plus seulement d’attirer un grand nombre de visiteurs, mais de les inciter à rester plus longtemps, à découvrir d’autres régions que les grands classiques, et surtout à consommer davantage pendant leur séjour.
Pour cela, elle veut renforcer la stratégie de valorisation de l’offre française. L’idée, c’est de cibler plus précisément certains marchés prioritaires où le potentiel de dépenses est élevé, sans pour autant encourager un tourisme de masse qui serait en décalage avec les objectifs de transition écologique.
Le but : générer plus de recettes, sans aggraver l’empreinte carbone.
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Prolonger les séjours et varier les destinations
Autre levier envisagé : mieux répartir les flux de visiteurs. Aujourd’hui, Paris et quelques régions très touristiques comme la Côte d’Azur ou la vallée de la Loire concentrent l’essentiel des dépenses. Pourtant, d’autres territoires moins connus proposent des expériences originales et dépaysantes qui restent sous-exploitées.
Voici quelques pistes évoquées pour diversifier l’offre :
- Mettre en avant des routes touristiques autour du patrimoine local ou de la gastronomie
- Soutenir le tourisme durable dans les zones rurales
- Mieux intégrer les événements culturels régionaux au parcours des voyageurs
- Miser sur des séjours hors saison pour étaler la fréquentation
Un vieux défi toujours d’actualité
Ce n’est pas la première fois que la France se confronte à cette problématique. Cela fait près de 40 ans qu’elle cherche à faire évoluer son modèle touristique. Attirer en masse, elle sait faire. Proposer des expériences à forte valeur ajoutée et fidéliser les voyageurs qui dépensent volontiers, c’est un peu plus compliqué.
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Avec la montée en puissance du voyage expérientiel, des applications de voyage ultra-personnalisées et d’une concurrence internationale de plus en plus affûtée, il devient crucial pour la France de faire évoluer son image. L’enjeu est clair : passer d’une destination “carte postale” à un pays où l’on prend vraiment le temps de vivre, goûter et s’émerveiller… tout en y laissant un budget à la hauteur de ce qu’on découvre.