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Tesla a officiellement lancé ses premiers robotaxis à Austin, au Texas, avec une flotte de SUV Model Y totalement autonomes. Accessible pour l’instant à un petit groupe d’utilisateurs test, ce service marque un tournant pour Elon Musk, qui concrétise enfin une promesse vieille de dix ans. Mais ce nouveau système suscite autant d’émerveillement que de questions.
Une première expérimentation discrète à Austin
Le projet est pour l’instant mené à petite échelle. Environ dix Tesla Model Y circulent dans une zone limitée du sud d’Austin. Aucun conducteur n’est derrière le volant, car la conduite est intégralement assurée par le système Full Self-Driving version non supervisée, la toute dernière mise à jour de l’option d’autonomie développée par Tesla.
Les trajets sont disponibles tous les jours de 6 heures du matin à minuit. En cas de mauvais temps, le service peut être suspendu temporairement. C’est un lancement expérimental, réservé à des utilisateurs triés sur le volet. Ces derniers accèdent aux véhicules via une application mobile dédiée.
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Chaque robotaxi accueille un employé Tesla en passager avant, baptisé « superviseur de sécurité ». Son rôle exact reste un peu flou. On ne sait pas dans quelle mesure il peut intervenir manuellement en cas de dysfonctionnement ou d’urgence. Ce point pourrait faire débat si le service venait à s’étendre rapidement à grande échelle.
Une technologie basée uniquement sur la vision par caméra
Contrairement à d’autres acteurs comme Waymo qui combinent caméras, radars et lidars, Tesla s’appuie uniquement sur des caméras et une intelligence artificielle qui traite les données. Cette approche appelée « vision-only » est souvent critiquée, mais Tesla continue de défendre son efficacité et son potentiel évolutif.
Le cœur du système repose sur le deep learning : le véhicule « comprend » la route et les comportements humains en analysant en temps réel les images captées par ses caméras. Elon Musk estime que cette solution permettra une conduite plus fluide et plus proche des réactions humaines que les systèmes multisenseurs.
Un prix (relativement) accessible
Chaque trajet coûte 4,20 dollars, un tarif fixe pour l’instant. Pas de grille variable selon l’heure ou la demande. C’est moins cher que de nombreux services de VTC ou que les robotaxis de Waymo ou Cruise, ce qui laisse penser que Tesla pourrait se positionner comme un service grand public, à condition bien sûr que la fiabilité suive.
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L’avantage, c’est que les utilisateurs partenaires n’ont pas à payer le véhicule ni son entretien. Ils n’ont qu’à commander leur course, comme avec une application classique de transport. Pour ces testeurs, c’est l’occasion de vivre une expérience technologique inédite, sans surcoût majeur.
Des limites imposées à l’intérieur du véhicule
Tesla a mis en place plusieurs règles strictes pour encadrer l’utilisation du service. Les caméras intérieures, présentes dans les Model Y depuis plusieurs années, ne sont activées que dans certains cas : en cas d’incident, ou pour vérifier si le véhicule doit être nettoyé ou réinitialisé avant la course suivante.
Cela signifie que les passagers ne sont pas surveillés en continu, mais Tesla garde la possibilité d’imposer un suivi si nécessaire. En parallèle, l’entreprise a posé un cadre comportemental clair :
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- Interdiction de fumer
- Interdiction de consommer alcool ou drogue
- Aucun acte illégal ou comportement jugé dangereux
Tesla encourage même les utilisateurs à filmer leur expérience et à la partager, tout en précisant que toute vidéo montrant une infraction à ces règles peut entraîner une exclusion du programme.
Une communication très contrôlée de la part de Tesla
Curieusement, Tesla communique peu publiquement sur ce service. La marque a d’ailleurs tenté de bloquer certaines demandes d’accès à des documents publics au Texas, concernant les détails techniques du robotaxi. Selon des sources internes, ces documents contiendraient des informations confidentielles ou stratégiques.
Ce manque de transparence inquiète certains spécialistes, notamment dans un secteur où la sécurité est primordiale. Plusieurs incidents ont déjà été rapportés : des robotaxis freinant brusquement sans raison claire, parfois au moment de croiser une voiture de police. Rien de dramatique pour le moment, mais ces bugs interrogent.
Quand la fiction devient presque réalité
Le contraste reste fort entre l’image futuriste projetée par Tesla en avril 2024, avec ses fameux « Cybercabs », et ce premier service effectué avec des SUV Model Y tout ce qu’il y a de plus classiques. Pourtant, pour Elon Musk, c’est une étape majeure. Le robotaxi n’est plus une promesse lointaine, il roule déjà.
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L’équipe de Tesla et le patron lui-même ont célébré le lancement avec enthousiasme sur les réseaux sociaux. C’est l’aboutissement d’un projet qui a longtemps semblé repoussé aux calendes grecques. Mais ce n’est que le début : tout dépendra désormais de la stabilité du système, des retours utilisateurs, et des choix éthiques de la marque face aux éventuelles dérives ou incidents.
Le pari reste ambitieux, voire risqué. Mais pour les passionnés de tech et les curieux, ce service possède déjà un certain goût de science-fiction concrétisée.