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- De Stripe à Borderless : un parcours fondé sur la résilience
- Une réponse aux limites des transferts classiques
- Hoaq, un club d’investissement comme point de départ
- Une plateforme pensée pour les collectifs diasporiques
- Un cadre réglementaire rassurant
- Un modèle économique déjà solide et des projets à venir
- Un marché encore peu exploité du côté de l’investissement longue durée
- Une mission engagée, mais des défis à relever
Joe Kinvi a transformé un pari audacieux en un projet ambitieux. En acceptant d’être payé en actions plutôt qu’en salaire chez Touchtech Payments, il a vu son choix récompensé lors du rachat par Stripe. Aujourd’hui, il met son expérience au service de la diaspora africaine avec Borderless, sa plateforme d’investissement collectif.
De Stripe à Borderless : un parcours fondé sur la résilience
En 2017, Joe Kinvi rejoint Touchtech Payments en tant que directeur financier, bien que la startup irlandaise ne puisse pas lui verser un salaire complet. Il opte alors pour une contrepartie en actions, qui se transformeront un an et demi plus tard en parts précieuses lorsque Stripe rachète la société. Cette opportunité lui offre la marge de manœuvre pour lancer ses propres projets.
Après son passage chez Stripe, d’abord dans les produits puis chez Paystack, une autre filiale du groupe, Kinvi décide de s’engager pleinement dans un projet à impact : Borderless. Cette startup, basée au Royaume-Uni, permet à des Africains de la diaspora d’investir ensemble dans des startups et des projets immobiliers sur le continent, une manière concrète de reconnecter capital et territoire d’origine.
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Une réponse aux limites des transferts classiques
Chaque année, la diaspora africaine envoie des dizaines de milliards de dollars sous forme de transferts de fonds. Pourtant, une infime partie de cet argent est utilisée pour créer de la valeur sur le long terme. C’est ce constat qui motive Kinvi et ses associés : et s’il devenait simple et sécurisé pour ces communautés d’investir collectivement dans des actifs concrets comme des startups locales ou des biens immobiliers ?
Depuis son lancement en version bêta en 2023, Borderless a déjà traité plus de 500 000 dollars de transactions. Les utilisateurs peuvent investir collectivement, en toute transparence, avec des règles claires et des outils sécurisés. L’objectif : faire de l’investissement un outil d’impact, pas juste un transfert de fonds éphémère.
Hoaq, un club d’investissement comme point de départ
L’idée de Borderless a germé dès 2020. Kinvi et quelques amis fondent alors Hoaq, un club d’investissement associant investisseurs locaux et diasporiques. Mais rapidement, des obstacles apparaissent. Les démarches bancaires se compliquent, les comptes sont gelés sans explication claire, comme cela s’est produit avec Wise.
Pour contrer ces problèmes, le groupe se structure. Ils font appel à un avocat payé grâce aux cotisations des membres, automatisent la gestion du club et bâtissent ainsi une première base technologique. Hoaq devient alors un laboratoire concret pour Borderless.
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Parmi les startups soutenues par Hoaq, on retrouve LemFi, Bamboo ou encore Chowdeck. Des exemples parlants de l’impact que ce modèle peut avoir.
Une plateforme pensée pour les collectifs diasporiques
Concrètement, Borderless permet à des groupes d’investissement de se constituer facilement. Les services proposés incluent :
- L’intégration facile de nouveaux membres
- La gestion de paiements transfrontaliers
- La validation légale des projets
- Des investissements sécurisés via avocats ou comptes séquestres
Plus de 100 communautés sont déjà sur liste d’attente. Celles qui utilisent actuellement la plateforme ont investi dans plus de dix startups africaines et deux projets immobiliers au Kenya. Pour participer à ces investissements, les billets d’entrée démarrent à 1 000 dollars pour les startups et 5 000 dollars pour l’immobilier.
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Un cadre réglementaire rassurant
Borderless fonctionne sous la régulation britannique, un atout majeur pour gagner la confiance des utilisateurs. Cela permet notamment de promouvoir les opportunités d’investissement légalement auprès des membres de la diaspora. Toutes les propositions d’investissement passent par un système d’approbation spécifique à la plateforme, qui inclut des vérifications légales et de conformité strictes.
L’argent ne passe jamais entre les mains des membres. Les fonds sont versés directement aux vendeurs, sur des comptes vérifiés ou auprès d’avocats partenaires. Un modèle sécurisant, qui évite les mauvaises surprises souvent vécues par des diasporas ayant investi via des contacts familiaux informels.
Un modèle économique déjà solide et des projets à venir
Côté revenus, Borderless se finance de manière classique : frais de transaction, cotisations mensuelles des membres, et marges sur les conversions de devises. À terme, d’autres services pourraient étoffer l’offre, comme :
- Le paiement de transferts classiques
- Des frais de sortie pour récompenser la liquidité
- Des outils de gestion d’actifs en ligne
Kinvi voit plus loin que l’investissement dans les startups. À l’avenir, d’autres classes d’actifs pourraient intégrer la plateforme : le cinéma, les obligations spécifiques aux diasporas, ou encore des projets culturels ambitieux.
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Un marché encore peu exploité du côté de l’investissement longue durée
Aujourd’hui, les grandes plateformes comme Zepz, Taptap Send, LemFi ou NALA dominent l’espace des transferts de fonds. Mais rares sont celles qui proposent une alternative pérenne d’investissement collectif. Kinvi estime à plus de 30 milliards de dollars par an l’épargne dormante des diasporas africaines, un potentiel immense qui ne demande qu’à être activé.
Cet angle séduit des investisseurs expérimentés. Parmi les soutiens de Borderless, on retrouve DFS Lab, Ezra Olubi (cofondateur technique de Paystack), Olumide Soyombo ou encore des cadres de Stripe et Google. Beaucoup d’entre eux sont aussi utilisateurs actifs de la plateforme.
Une mission engagée, mais des défis à relever
Pour Kinvi, Borderless n’est pas qu’un outil financier. C’est aussi un projet identitaire, qui permet à la diaspora de reprendre pied sur le continent africain, avec des outils modernes, transparents et fiables. Cependant, l’élargissement du modèle ne sera pas simple.
Jusqu’ici, la plateforme s’est appuyée sur des relations de confiance, avec des leaders connus des communautés diasporiques. Mais à mesure que la base utilisateurs s’élargit, la question de la vérification des membres, de la détection de fraudes et de l’encadrement juridique devient centrale. Des outils plus sophistiqués devront être mis en place pour encadrer cette ambition.
Avec déjà 500 000 dollars levés en amorçage, une technologie en place et un réseau en croissance, Borderless trace une voie originale pour transformer les transferts d’argent en leviers de développement durable.