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L’Union européenne pourrait prochainement renforcer ses règles pour protéger les mineurs sur les réseaux sociaux. Une initiative portée par la Grèce avec le soutien de pays comme la France et l’Espagne vise à mieux encadrer l’accès des jeunes aux plateformes numériques, en réponse à des inquiétudes croissantes sur leur santé mentale et physique.
Des plateformes accusées d’impacter le bien-être des jeunes
Ce projet est né d’un constat inquiétant : les réseaux sociaux influencent profondément les adolescents, parfois de manière néfaste. Les ministres grec, espagnol et français pointent du doigt le fonctionnement des algorithmes qui pousseraient les mineurs à consommer des contenus anxiogènes et addictifs. Ces effets incluent une baisse de l’estime de soi, l’anxiété voire des troubles dépressifs.
Autre problème : l’utilisation excessive des écrans. Selon différents gouvernements, cela freine le développement de certaines compétences essentielles chez les jeunes, comme l’esprit critique ou les capacités relationnelles. L’usage intensif des smartphones et réseaux en continu expose aussi les enfants à des vidéos ou publications inappropriées pour leur âge.
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Vers un âge numérique de majorité en Europe
Pour répondre à ces préoccupations, la Grèce propose un plan qui pourrait aboutir à des changements concrets dans les 27 pays membres de l’UE. L’une des mesures clés serait l’introduction d’un âge numérique de majorité. Autrement dit, un enfant ne pourrait s’inscrire sur une plateforme sociale sans l’autorisation claire de ses parents.
Plusieurs pays, comme Chypre, le Danemark ou l’Espagne, soutiennent déjà cette proposition. Le Danemark prévoit même d’en faire une priorité dès qu’il prendra la présidence tournante de l’Union en juillet. L’idée est que ces nouvelles règles puissent être rapidement discutées et appliquées.
Côté français, une loi adoptée en 2023 oblige déjà les réseaux sociaux à demander l’accord parental pour les jeunes de moins de 15 ans. Mais elle attend encore d’être validée à l’échelle européenne pour entrer pleinement en vigueur.
Protection renforcée, contenus bloqués et outils communs
Le texte porté par la Grèce ne s’arrête pas à l’âge minimum. Il demande aussi aux plateformes d’avoir une idée précise de l’âge de leurs utilisateurs, afin d’éviter toute exposition involontaire à du contenu nocif. L’objectif : intégrer des outils de contrôle parental directement dans les appareils, comme les smartphones, sans pour autant porter atteinte à la vie privée.
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Voici quelques pistes envisagées :
- Un outil européen unique de vérification d’âge
- Des fonctions de contrôle parental préinstallées
- Des restrictions automatiques pour les mineurs selon certaines applications
La Commission européenne prévoit d’ailleurs de lancer dès le mois prochain une application pour vérifier l’âge des utilisateurs, en garantissant la protection des données personnelles. C’est une réponse directe à la pression exercée par certains États membres qui réclament des solutions concrètes.
Des mesures en cours et des plateformes sous surveillance
La France, de son côté, a aussi poussé des mesures ciblant des sites pour adultes. En février, elle a obligé certaines plateformes à appliquer un système fiable de vérification d’âge. En réaction, trois grands sites pornographiques ont préféré suspendre leur activité dans le pays. D’autres plateformes comme TikTok ont également été sommées de supprimer certains mots-clés dangereux, comme “SkinnyTok”, associé à l’extrême maigreur.
Au niveau européen, la Commission a publié récemment des lignes directrices visant à mieux protéger les enfants en ligne. Parmi les recommandations : rendre les comptes des mineurs privés par défaut et faciliter le blocage de profils toxiques. Ces propositions font actuellement l’objet d’une consultation publique.
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En parallèle, des enquêtes sont menées sur plusieurs géants du numérique, comme Meta ou TikTok, accusés de ne pas empêcher efficacement les mineurs d’accéder à des contenus inadaptés. Le système de vérification d’âge de Meta, notamment, est particulièrement critiqué pour son manque de fiabilité.
Des blocages politiques sur certains projets sensibles
Malgré cette mobilisation, certains dossiers restent bloqués. C’est notamment le cas d’un projet de loi européen contre les contenus pédopornographiques en ligne. Si le texte vise à améliorer la détection et le signalement, des États s’inquiètent de possibles violations de la vie privée. En particulier, l’accès aux messages chiffrés par les autorités fait débat. Résultat, le texte divise encore et tarde à avancer.
Avec ces nouvelles démarches, l’Union européenne espère trouver un équilibre entre protection de l’enfance et respect des droits fondamentaux. Mais une chose est sûre : la pression monte pour que des mesures concrètes entrent enfin en application.