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L’Union européenne envisage de modifier les règles d’indemnisation en cas de retard de vol. Actuellement déclenchée à partir de trois heures, cette compensation pourrait bientôt être repoussée à cinq heures. Une décision qui inquiète les associations de consommateurs, à l’heure où les retards estivaux se multiplient.
Une réforme qui bouleverserait les droits des passagers
C’est un changement qui pourrait en fâcher plus d’un. En ce mois de juin, l’Union européenne remet sur la table le règlement 261/2004 qui protège les passagers aériens depuis près de 20 ans. Ce texte oblige aujourd’hui les compagnies à indemniser les voyageurs dont le vol est annulé ou retardé de plus de trois heures, sauf circonstances exceptionnelles. Le montant peut grimper jusqu’à 600 euros pour les longues distances.
Mais ce seuil des trois heures est désormais dans le viseur. La nouvelle proposition discutée ce mercredi à Bruxelles suggère de le repousser à cinq heures. Autrement dit, les retards de moins de cinq heures ne donneraient plus droit à aucune compensation financière pour les passagers. Une évolution qui risque de changer la donne pour des millions de voyageurs.
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Les compagnies aériennes applaudissent
Sans surprise, les compagnies aériennes sont favorables à cette réforme. Portées par le puissant lobby Airlines for Europe, elles estiment que ce nouveau délai leur offrirait plus de flexibilité. En réduisant le nombre d’indemnisations à verser, elles pourraient mieux réorganiser leurs vols et leurs équipages en cas d’imprévus, ce qui limiterait au passage les annulations de dernière minute.
Ce qui peut sembler cohérent d’un point de vue opérationnel est présenté comme une nécessité par certaines compagnies, qui soulignent que les retards sont parfois liés à des facteurs hors de leur contrôle, comme la météo ou la saturation des espaces aériens.
Les associations dénoncent un retour en arrière
Côté voyageurs, le ton est bien différent. Plusieurs associations de consommateurs, dont la célèbre BEUC (Bureau Européen des Unions de Consommateurs), dénoncent une mesure désavantageuse pour le grand public. Elles alertent sur le fait que près de 75 % des retards de vols en Europe se situent justement entre trois et cinq heures.
En allongeant le seuil d’indemnisation à cinq heures, la grande majorité des passagers n’aurait donc plus aucun recours, alors même qu’il est déjà souvent difficile de faire valoir ses droits auprès des compagnies, qui peuvent traîner des pieds ou invoquer des raisons floues pour refuser une indemnisation.
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Ce changement pourrait ainsi affaiblir une protection jugée comme un acquis essentiel par de nombreux Européens, notamment pendant la haute saison estivale, où les retards s’enchaînent dans des aéroports de plus en plus fréquentés.
Un casse-tête pour les vacances d’été
Avec la montée en puissance des voyages depuis la fin des restrictions sanitaires et les grands départs d’été qui approchent, le timing de cette proposition fait grincer des dents. Car si ces nouvelles règles étaient adoptées rapidement, cela signifierait moins de droits pour les passagers dès les prochaines vacances.
Voici ce que cela pourrait impliquer concrètement :
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- Un vol Paris-Lisbonne affichant 4 h 45 de retard ne donnerait plus droit à une compensation
- Un voyageur en correspondance ratant son deuxième vol à cause d’un retard de 3 h 50 ne pourrait plus réclamer une indemnisation
- Les compagnies, moins contraintes financièrement, pourraient prendre plus de liberté avec les horaires sans craindre de pénalités
Cela risque donc de changer radicalement la façon dont on prépare ses trajets en avion, avec possiblement plus d’incertitude sur les horaires, sans véritable filet de sécurité.
Une décision encore loin d’être actée
Pour l’heure, rien n’est encore décidé. Le texte doit être débatttu entre les États membres, les députés européens et la Commission dans un processus législatif qui peut prendre plusieurs mois. Mais la question est désormais clairement posée : faut-il privilégier la fluidité du trafic aérien ou protéger au maximum les droits des voyageurs ?
Les prochaines semaines pourraient être décisives. En attendant, si vous avez un vol cet été, mieux vaut garder un œil attentif sur l’évolution de ce règlement. Car ce qui se joue ici concerne potentiellement des centaines d’euros pour chaque trajet un peu trop long.